affiche.jpg

Distribution

Auteur: 
Jules Renard 

Metteur en Scène 
Jean-Philippe Ancelle 

Avec 
Jean-Philippe Ancelle, Maurice/Pierre
Delphine Allange, Blanche/Marthe

La Pièce: Le Plaisir de Rompre

Cette comédie est une satire sur le genre humain.
C'est l'histoire d'une rupture entre deux amants désargentés qui se séparent afin de pouvoir se marier avec des personnes fortunées qu'ils n'aiment pas mais qui assureront ainsi leur avenir financier. Jules Renard expose ici une critique de la société humaine où tout est basé non sur l'amour et les sentiments mais uniquement sur l'intérêt et le pouvoir de l'argent.

Extraits

MAURICE
A la bonne heure! C'est un plaisir de rompre avec vous.

BLANCHE
Avec vous aussi.

MAURICE
C'est bien, ce que nous faisons là, très bien. C'est tellement rare de se quitter ainsi! Nous nous sommes aimés autant qu'il est possible, comme on ne s'aime pas deux fois dans la vie, et nous nous séparons, parce qu'il le faut, sans mauvais procédés, sans la moindre amertume.

BLANCHE
Nous rompons de notre mieux.

MAURICE
Nous donnons l'exemple de la rupture idéale. Ah! Blanche, soyez certaine que si jamais quelqu'un dit du mal de vous, ce ne sera pas moi.

BLANCHE
Pour ma part, je ne vous calomnierai que si cela m'est nécessaire...

Le Pain de Ménage


Marthe et son mari, Pierre et sa femme vivent dans une résidence commune. Les deux ménages sont unis et heureux. Cependant Pierre éprouve auprès de Marthe un irrésistible plaisir. Sous un flirt élégant et spirituel qui se défend de plus en plus mal d'intentions plus précises, se fait jour un désir assez pressant. Marthe résiste et elle dégrise gentiment Pierre et l'engage à retrouver sa femme. Jules RENARD tente, apparemment, de montrer ici que deux couples sous un même toit peut amener des risques non négligeables quant à la fidélité, même s'ils sont heureux avec leurs conjoints.

Extraits

MARTHE
avec simplicité
Bonsoir.

PIERRE
Naturellement, bonsoir! Puisque vous êtes la plus heureuse des femmes, et moi le plus heureux des hommes, puisque l'union de nos ménages est indéchirable, que faisons-nous là, tous deux, à dix heures passées, tandis que ma femme veille et que votre mari dort? Ça ne vaut rien au bonheur de se coucher si tard. Allez le rejoindre! Je vais la retrouver.

MARTHE
Allons.

PIERRE
Car il est inexplicable, notre faible pour ce sujet de conversation. Dès que nous sommes seuls, dans ce salon, dans le jardin ou à la promenade, tout à coup votre oeil s' anime et je sens que je vais briller: "Que pensez-vous de l'amour? Avez-vous une maîtresse? Aurez-vous bientôt un amant? Où le mettrez-vous ? ". C'est notre petit jeu préféré.

MARTHE
Il est innocent puisqu'il se termine chaque fois par le double éloge de votre femme et de mon mari. 


L'auteur

Giraudoux raconte que, rendant visite à Jules Renard un dimanche où il fait très beau... 
"où le bonheur de l'hiver éclate même sur la gare Saint-Lazare", et trouvant l'écrivain morose, distrait, pas du tout causant, il lui propose de revenir un jour où il serait moins occupé : "Je ne suis pas occupé, dit Jules Renard. Je suis malheureux. Non. Tout le monde va bien chez moi. Ma femme m'aime, mes enfants sont charmants. Mes amis sont dévoués. Ma pièce a du succès. Mes livres se vendent. Le chien de la concierge aussi m'adore. La famille, l'amitié, le travail, tout me réussit. Mais je suis malheureux. Il n'y a pas de remède. Pour que j 'en arrive à vous dire à brûle-pourpoint à quel point je suis malheureux, à vous que je ne connaissais pas voilà dix minutes, c'est qu'il n'y a pas de remède. En tout cas, cela me soulage de n'avoir pas à jouer l'homme comblé et satisfait avec vous... Je vous remercie donc de m'être inconnu et comme vous ne reviendrez jamais me voir, je ne suis pas fâché que quelqu'un considère qu'en me voyant, il a vu le malheur même."
Le malheur même ? Quel malheur ? Difficile à dire.
Le malheur d'être écrivain ? Le malheur d'être Poil de Carotte ?

"Si j'étais tout à fait sincère, je dirais que je n'ai pas de sympathie pour Monsieur Renard : il m'humilie, je sens en lui des perfections qui m'offensent".
Léon Blum

"J'admire Jules Renard comme s'il était mort. Je le relis comme un classique... Et vive la littérature française."
André Gide


La presse

De l’insoutenable légèreté de l’amour

Le plaisir de rompre & Le pain de ménage
De Jules Renard

Il n’est pas rare, paraît-il de présenter ces deux pièces de Jules Renard dans un même spectacle. La première pourrait fort bien être le commencement de la seconde. En tout cas, les deux s’amusent avec légèreté du couple et de ce que l’on appelle pompeusement l’amour. Dans Le Plaisir de rompre, deux amants désargentés qui ne peuvent se marier en raison de leur précarité matérielle, décident de se séparer dans une sorte d’élan d’humour; dans Le Pain de ménage, l’homme et la femme de deux couples amis se retrouvent en tête à tête, à l’écart de leurs moitiés respectives. Une étrange attirance les démange l’un envers l’autre. Ils s’en ouvrent sans tabou. Les deux affaires méritent que l’on s’y attarde un peu en compagnie du metteur en scène Jean-Philippe Ancelle.

Festival de Pau : Pourriez-vous résumer le propos de Jules Renard dans ces deux pièces ?
Jean-Philippe Ancelle : Le Plaisir de rompre est l’histoire de deux amants qui se séparent bien qu’étant encore épris l’un de l’autre, mais il le font pour des raisons financières, à une époque où on avait tendance à se faire entretenir; tous les deux sont d’ailleurs en train, chacun de leur côté, de se caser avec de bons partis.

FP : Comment expliquez-vous l’association des mots “plaisir” et “rompre” ?
J.P. A. : La rupture des amants se fait dans un esprit de grande sensualité. C’est justement ce que je veux faire ressotir dans la mise en scène et dans le jeu. Ils font de cette séparation un grand moment de plaisir. C’est même assez chaud ! Lui d’ailleurs aimerait bien poursuivre la liaison après leurs mariages.

FP : Dans Le Pain de ménage, qu’en est-il ?
J.P. A. : Un homme et une femme se retrouvent tous les soirs pour parler d’amour alors qu’ils sont tous deux mariés chacun de leur côté. La fidélité matrimoniale les ennuie et à nouveau on est plongé dans un climat dc sensualité, sans passage à l’acte.

FP : Comment avez-vous mis en valeur ces subtilités dans votre mise en scène ?
J.P. A. : J’ai travaillé sur les couleurs. Tout est blanc, costumes et décors dans Le Plaisir de rompre, tout est rouge dans Le Pain de ménage. Le blanc symbolise la pureté et le mariage, le rouge le désir, le feu. Le jeu entre les personnages exprime une sensualité très forte, une attirance sexuelle. On joue pratiquement toute la première pièce à l’encontre du texte. Par exemple, quand on dit “on ne se touche pas”, on se touche.

Dans la deuxième pièce je ne veux rien dévoiler, car il y a une surprise !

FP : Alors parlez-nous de votre parcours professionnel...
J.P. A. : J’ai débuté au cours de Jean-Laurent Cochet dans la même classe que Depardieu. Après j’ai suivi les cours de Tania Balachova puis du Conservatoire de Paris. j’ai ensuite créé la compagnie Acamas, il y a six ans avec laquelle j’ai déjà produit une dizaine de spectacles. J’ai également fait de la télévision et une dizaine de films au cinéma ainsi que du cabaret et des tours de chant.
— Extrait du supplément aux journaux : Quotidien de Béarn et Soule, La République, Sud-Ouest, l'Eclair